Découvrez le Nigéria avec Americanah | #faitesletourdumonde

dimanche 17 juillet 2016

 
« En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire. » 
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? 
De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et nous offre une grande histoire d’amour, parcourant trois continents d’un pas vif et puissant.

Americanah c’est plusieurs histoires en une. Tout d’abord, celle d’Ifemelu et Obinze. Ils se rencontrent sur les bancs de l’école, tombent amoureux et se voit chacun dans le futur de l’autre. Une belle histoire d’amour qui va rencontrer les difficultés puis la séparation géographique lorsqu’Ifemelu quitte la Nigéria pour les États-Unis. Une fois là-bas, elle va rencontrer toute l’euphorie, l’art du trop et la rapidité américaine. Elle va aussi se confronter à la désillusion, aux difficultés financières et l’humiliation. Ifemelu et Obinze, même séparés se retrouveront à de nombreuses reprises au cours du récit. Alors que l'histoire s’ouvre par la décision d’Ifemelu de rentrer au pays, elle pense à Obinze. La narration propose ensuite pendant la majeure partie du récit un retour sur son passé, les événements qui l’ont conduite jusqu’à sa décision et enfin, une narration qui alterne le point de vue d’Ifemelu et celui d’Obinze.
Parlons désormais de la narration. Il y a certains romans qui s’ouvrent au lecteur dès les premières pages. Ces livres invitent à l’immersion bras ouverts, avec une attraction incroyable. Il y a d’autres romans, un peu plus exigeants qui demandent au lecteur de la patience, de la persévérance et surtout de l’intérêt. Selon moi, Americanah fait partie de cette catégorie-là. C’est un roman incontestablement dense, par le nombre de pages et par son propos. Il se passe des années à travers 700 pages et il faut du temps pour les assimiler petit à petit. Cependant, avec un intérêt suffisamment grand, on revient avec un peu plus de plaisir à chaque fois pour découvrir ce que sont devenus nos personnages.
La seconde histoire tissée à travers les pages est celle de la critique sociale. Ifemelu critique beaucoup. C’est ce qui aura énervé plusieurs personnes sur le groupe du Club de lecture, pour ma part j’ai réussi à passer outre le côté agaçant de la critique et je me suis attachée à chaque observation formulée. Et à partir de ce moment-là, c’est merveilleux. On pourrait croire qu’Ifemelu passe son temps à critiquer son pays d’accueil. Il n’en est rien ! Non seulement elle critique son pays d’accueil, mais elle critique aussi le Nigéria, sa famille, ses amis, les blancs, les hispaniques, les noirs, les européens, bref, tout le monde y passe. Et c’est assez prodigieux. Elle non plus n’est pas exempte de défauts et de maladresses de parcours, mais soyons d’accord, c’est bien ce qui la rend crédible. 
Je souhaitais, en commençant ce club de lecture, en savoir plus sur la culture d’un pays, sur les relations qu’entretiennent les habitants de ce pays. À travers Americanah, c’est exactement ce que j’ai trouvé. Le personnage principal parvient à nous brosser un portrait de son pays, de ses tentatives d’intégration aux États-Unis, un pays où elle s’est sentie « devenir noire ».
Si son œil aiguisé nous berce tout au long du livre, ses points de vue seront encore plus intéressants lorsqu’elle créera son blog et qu’il lui permettra de s’ouvrir un spectre des possibles. Alors qu’avant elle ne diffusait pas son opinion, en devenant blogueuse les autres essaieront de se confronter à elle pour partager à leur tour leur point de vue. Les visions du monde s’affrontent et c’est absolument piquant et rafraîchissant. Nous avons également le point de vue d’Obinze qui n’aura pas la possibilité de fouler le sol américain dont il a tant rêvé mais qui nous partage lui aussi la culture de son pays d’accueil : le Royaume-Uni.
Ce roman respire le multiculturalisme. Et c’est essentiellement ce qui m’a plu. Alors que la narration n’est pas spécialement propice à l’attachement des personnages, j’ai trouvé qu’on avait envie de savoir quelles étapes ils allaient devoir affronter avant de se sentir chez eux. Et finalement, c’est aussi un roman qui parle du retour aux racines, un retour à soi, un retour à la personne que l’on est réellement. 

 Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie aux éditions Gallimard (Folio) - 704 pages - 8,70 €

J’espère que si vous avez lu comme moi ce roman dans le cadre du club de lecture Faites le tour du monde, il vous aura plu. Il est vrai que c’est assez dense et intimidant comme première découverte mais les prochaines – je le souhaite – seront toutes aussi intéressantes !
En attendant je vous donne rendez-vous pour le mois de juillet avec Itinéraire d’enfance de Duong hu Huong avec un voyage autour du Vietnam !

1 commentaire:

  1. Salut! tu décris bien dans ton article l'esprit de ce livre! et j'ai apprécié le début de ce que tu as dis, c'est tellement vrai! cette lecture m'a demandé de la patience ! Etant habituée comme beaucoup à entrer vite dans une intrigue là j'ai bien pris 2 semaines à lire ce livre! En tous cas ce fût une belle découverte que l'on peut relire en plus parce que c'est très contemporain !

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