Point lecture young-adult : indépendance et émancipation

dimanche 25 février 2018

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Après avoir terminé Fils-des-brumes que je lisais depuis un bon mois et demi, j'avais besoin de lectures pleines de fraîcheur, de dynamisme et dans un tout autre genre. J'avais envie de young-adult, de romans relativement courts avec un contexte contemporain, proche du mien. En février, je me suis donc plongée dans deux titres que j'avais sur mes étagères : Libération de Patrick Ness, petit nouveau de chez Gallimard et Nos âmes plurielles de Samantha Bailly, titre qui clôture sa trilogie autour de Lou et Sonia. 

Je vais donc commencer par celui-ci parce que c'est avant tout le premier que j'ai lu. Et il ne m'aura pas fallu longtemps pour le dévorer. En moins de 24h c'était déjà terminé ! Le roman fait moins de trois cents pages et grâce à une plume immersive on plonge sans difficulté dans l'histoire. Dans ce troisième et dernier tome, on suit Lou et Sonia dans leur première année de vie étudiante, première année d'indépendance et de liberté. Ma première année d'étudiante à Lyon m'avait énormément marqué, et je l'ai vraiment vécue d'une manière particulière, entre excitation à l'idée de tout découvrir, solitude dans mes premiers mois à l'université et plaisir de faire tout par moi-même. Je trouve que l'on retrouve ce sentiment chez nos deux protagonistes !
Mais j'ai ressenti un peu de frustration parce que finalement, moins de trois cents pages pour un roman qui se passe sur un an, c'est bien trop court à mon goût ! Malgré tout, cela permet au livre d'être dynamique et on enchaîne les mois comme des chapitres, et on ressent le même sentiment à la fin de chaque année terminée : « je ne l'ai pas vue passer ! » Il y a un point sur lequel je ne sais pas encore trop quoi penser. Le récit est extrêmement ancré dans son époque et permet une identification efficace. Je pense sans aucun doute que le roman parle à cette génération. Il y a énormément de références culturelles. Peut-être un peu trop. En fait, je me dis que dans vingt, trente ans, je serai heureuse et émue à l'idée de voir des références telles que Game Of Thrones, booktube, Robin Hobb ou Lady Gaga. Mais comme c'était facilement toutes les deux pages, ça avait tendance à trop me ramener au réel, à me sortir de ma lecture.
Quoi qu'il en soit, c'est une trilogie que je ne peux que vous conseiller si vous recherchez une ambiance jeune adulte contemporaine très bien amenée. Pour ma part j'ai trouvé que chaque expérience était réaliste, et m'a rendue nostalgique de mes années lycée (et c'était pas gagné !).  Je suis heureuse d'avoir vu Sonia et Lou changer à l'aube de leurs premières années étudiantes parce que finalement c'est à ce moment-là que j'ai le plus changé et que j'ai réussi à m'affirmer comme les deux jeunes filles parviennent à le faire. 

S'affirmer, c'est aussi ce que veut faire Adam Thorne, personnage principal de Libération. S'il n'en est pas encore aux années université, Adam est un personnage déjà mâture et vraiment bien travaillé. Alors qu'on prend le récit un beau matin, au cours de sa vie, l'auteur parvient à nous le dépeindre avec talent, à fabriquer un personnage de toute pièce, encore une fois en à peine 270 pages. Un personnage que l'on va suivre non pas au cours d'une année mais d'une journée. Une journée dans laquelle on va s'attacher à lui, et lui qui essaie de rester accroché au monde qui l'entour malgré toutes les problématiques qu'il rencontre. Adam est gay, dans une famille extrêmement religieuse, pratique, engagée au sein de l'Eglise. Adam est gay, et ça pose problème à ses parents. Lui en revanche ne cherche qu'à se libérer de tout ce poids qui lui pèse, tous les reproches insinués qui lui sont faits.
Au fil des pages, Adam prend de l'épaisseur, un véritable personnage de papier qui prend vie sous nos yeux. Mais il grandit aussi au sein de l'histoire, de l'aube au soir, quelques heures pour tout changer, pour nous faire parcourir sa vie en un instant. Et ça fonctionne. On s'y attache, on a envie de connaître le fin mot. 
Parallèlement, un récit s'enchâsse, de temps de temps, le temps d'un instant, de quelques pages. Un récit fantastique, un peu étrange, lié au drame contemporain qui se joue face à nous. Ce n'est pas la partie qui m'a le plus transportée. Je dois même avouer avoir un peu décroché vers la fin, plus inquiète pour Adam que pour cette vision particulière.

Dans Libération et Nos âmes plurielles deux récits s'offrent à nous, deux parcours de vie, deux visions d'une émancipation, d'une prise d'indépendance, deux histoires de jeunes adultes qui deviennent. Non pas quoi. Juste, qui deviennent, qui sont, qui existent et qui s'affirment. Et c'est ce que j'aime avec ce genre de littérature, voir des êtres grandir, devenir adulte à leur tour, avec toutes les problématiques qu'ils rencontrent, et toutes les joies qu'ils découvrent.

4 commentaires:

  1. J'ai hâte de retrouver Lou et Sonia, le tome un m'avait beaucoup plu !! Sinon, j'ai lu un avis pas très positif sur Libération alors contente de voir que tu as aimé, j'aimerais beaucoup découvrir cet auteur mais peut-être pas avec ce titre :)
    Un bel article, j'espère que tes prochaines lectures te plairont aussi !

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    1. Coucou Léna ! Ha mince, j'ai pas vu trop trop d'avis en fait, juste quelques uns de ceux qui l'avaient lu en anglais et ont adoré. Pour le coup si tu dois le découvrir je pense que commencer par Quelques minutes après minuit est incroyable et reste mon préféré.
      Et sinon "Et plus encore" ressemble un peu à celui-ci je trouve, si tu veux quelque chose qui y ressemble.
      Merci beaucoup et bonnes lectures à toi aussi !

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  2. Salut! je n'ai pas encore lu de livre de Patrick Ness, je le met aussi en wish list mais je ne suis pas sûre d'apprécier le "magical realism" . Sinon je suis d'accord avec toi, j'ai enchainé quelques lectures contemporaines ces derniers temps et je me rends compte que je déteste que les auteurs donnent des références "people" et pop cultures ou autre dans leurs écrits; çà me fait aussi décrocher de ma lecture car j'ai l'impression tout à coup de lire un magazine féminin. Quand c'est trop prononcé, çà m'arrive même d'abandonner ma lecture. Au moins avec la SFFF, on a pas ce genre d'inconvénients lol!

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    1. Coucou ! Oui cette partie-là du livre m'a moins plu aussi. Je te conseille vraiment Quelques minutes après minuit par contre qui est une vraie merveille. Un énorme coup de cœur pour moi.
      Oui c'est ça et j'ai parfois l'impression - quand ça manque de subtilité - que ça se rapproche du « fan-service » pour vouloir plaire au lecteur d'une certaine manière.

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