La Belle Sauvage de Philip Pullman

La Belle Sauvage, c'est le nom du canoë de Malcolm Polstead, le fils d'aubergistes qui tiennent La Truite. Nous sommes proche d'Oxford, du Jordan College, de Londres. Nous sommes dix ans avant À la croisée des mondes de Philip Pullman : dix ans avant qui nous permettent d'apprendre les origines - ou tout du moins une partie de cette trilogie merveilleuse.

La Belle Sauvage, c'est l'histoire d'une échappée, d'un voyage de mouvements et de craintes. Ce sont des réflexions sur l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte, de ce qui est juste et de ce qui est bon. Malcolm vit à l'auberge, va à l'école, aide les soeurs et le charpentier au Prieuré proche de chez lui. Un jour, un bébé est recueilli par les soeurs. Ce bébé a six mois et sera le départ de cette folle envolée. Enfin, il faudra un peu de temps avant que tout commence. Avant cela : des questions, beaucoup de questions, parfois des réponses. On suit Malcolm, Alice la jeune fille qui travaille à l'auberge également, on suit les amis de Malcolm à son école, et puis le Professeur Relf pleine de ressources, de mystères et de livres. On rencontre Lord Asriel, quelques fois. Madame Coulter aussi. Des clins d'oeil à la série à venir qui m'ont plongé dans une envie de lire et de passer mes soirées d'hiver en compagnie de tous ces personnages.

Alors il est vrai qu'il ne se passe pas énormément de choses avant que tout commence, mais j'aime tellement cette narration qui prend son temps, nous apprend des choses et nous donne envie d'en savoir plus sur l'univers de Philip Pullman : sur la Poussière, sur les aléthiomètres, sur le Champ de Rusakov, sur les daemons et la religion, la politique et l'éducation.

Il y a plusieurs éléments qui m'ont touché dans cette histoire.

Tout d'abord, je dois noter la relation adulte / enfant que j'ai trouvé vraiment bien réalisée. Elle est bienveillante, juste et ça m'a fait plaisir de voir ces relations se tisser entre confiance, apprentissage, éducation et considération mutuelle. On sent qu'elle permet de réellement construire le roman. Dans un premier temps les adultes sont en réel dialogue avec Malcolm et cela lui permet de grandir et s'investir. Ensuite, grâce à toute cette éducation, il permet de trouver une certaine indépendance dans la seconde partie du roman. Il est désormais armé pour affronter certains événements ou sentiments. Le fait que l'auteur prenne le temps de poser tout cela rend le personnage solide et crédible.

Les dialogues sont également très palpables. Les personnages n'arrêtent pas leurs actions pendant qu'ils parlent entre eux. La vie continue et ne s'arrête pas parce que le personnage principal pose des questions. J'avais une telle impression de réalisme en lisant les dialogues que j'étais obligée de le souligner aussi.

Je dois cependant avouer que j'ai vraiment préféré la première partie du roman. En littérature, c'est la construction du monde et des personnages qui me touche, qui me parle. La description et les questions ne me dérangent pas. Au contraire, je me retrouve vite perdue dans l'action et j'aime quand les choses prennent leur temps et s'installent vraiment. Or, la seconde partie est une véritable épopée. Un déluge, un voyage rapide et violent. C'est une partie qui est beaucoup plus épisodique, plus surprenante voire fantastique. J'en garde tout de même un souvenir fort parce que ce roman demeure très vivant et visuel.

Je vous conseille vivement la lecture de La Belle Sauvage. Avant ou après celle d'À la croisée des mondes, peu importe. Ceci dit que je trouve que la lire ensuite était vraiment agréable pour les clins d'oeil et les références bien amenées. D'un autres côté, ça me donne envie de relire toute la saga à la suite de cette lecture, d'autant plus que le tome suivant de La trilogie de la poussière devrait porter dix ans après Le miroir d'ambre et cela ne me rend que d'autant plus curieuse !