LE PASSEUR, de Lois Lowry

mardi 16 décembre 2014



      Dans le monde où vit Jonas, la guerre, la pauvreté, le chômage, le divorce n'existent pas. Les inégalités n'existent pas. L'harmonie règne dans les cellules familiales constituées avec soin par le comité des sages. Les personnes trop âgées, ainsi que les nouveaux-nés inaptes sont "élargis", personne ne sait exactement ce que cela veut dire.
[...] Dans quelques jours, Jonas aura douze ans. Au cours d'une grande cérémonie, il se verra attribuer, comme tous les enfants de son âge sa future fonction de la communauté. 
Jonas ne sait pas encore qu'il est unique. un destin extraordinaire l'attend. un destin qui peut le détruire. 

                Après avoir quitté en coup de cœur 1984 de George Orwell, il me fallait un livre à la hauteur. Je venais d’être déçue par Witch song qui m’avait laissé indifférente et j’avais besoin d’une lecture qui me plaise. Depuis longtemps dans ma PAL, classé comme jeunesse, Le passeur était pour moi la bonne équation. Finalement, cette lecture fut un joli coup de cœur, dans la continuité de 1984 et je vous explique pourquoi.


            Le passeur est un livre dystopique original. Vous en avez sûrement du en entendre parler avec la sortie du film récemment, vous êtes sûrement allé le voir – et je serai d’ailleurs ravie d’avoir votre opinion sur ce dernier que je n’ai pas vu. Ce roman de Lois Lowry a été publié en 1992, bien longtemps donc avant la vague dystopique d’il y a deux ans. En effet, voilà déjà vingt ans qu’il est disponible en librairie. 1984 publié en 1948 m’avait touché et impressionné par sa précocité, et j’en ai été scotchée. Quant au Passeur j’ai ressenti la même chose. Voilà bien longtemps que je n’avais pas eu de coup de cœur pour une dystopie, et qu’est-ce que ça fait du bien !
Là où ce coup de cœur m’a chagriné, c’est que je me suis rendue compte de pas mal de choses. Finalement, ces romans science-fiction destinés à la jeunesse, que j’avais eu l’occasion de découvrir au cours de ces derniers mois, n’ont rien de si novateur, de si original. Ils se sont surtout adaptés à une nouvelle époque et à un nouveau public. Je préfère ne citer aucune saga en particulier, non pas qu’il y en ait précisément, mais qu’au contraire beaucoup se rassemblent. J’avais eu plutôt de bonnes lectures pour ces romans, et aujourd’hui j’en suis finalement déçue.
Car si Le Passeur a su être un coup de cœur pour moi, c’est qu’il est fait dans la simplicité. L’histoire est très simple. Jonas qui va bientôt fêter ses douze ans vit dans une société sans réelle émotion, couleurs, sentiment. A chaque âge est destiné un nouvel objectif, une nouvelle place dans la société pour l’individu. Et je dois avouer que j’aurai aimé avoir beaucoup plus de précisions sur cet univers et que cela m’a manqué. 

            En dépit de ces quelques petits défauts, ce roman fut un coup de cœur. Le monde dans lequel vit Jonas s’appelle l’Identique. Alors que la cérémonie des « Huit ans » permet aux enfants de cet âge de commencer leurs heures de bénévolat sous l’œil des Sages, celle de « Douze ans » permet au terme de ces trois ans de découverte de donner une place dans la Société à ces jeunes gens. Sauf que pour Jonas, qui apprécie tout sans être particulièrement passionné par un domaine, les Sages vont lui attribuer un poste qui va tout changer à la vision du monde dans lequel il vit. Le côté dystopique qui prend forme m’a beaucoup plu car il est exprimé sous une vision plutôt positive des parents. Personne ne vit dans la crainte, le trop peu, la faim ou autre chose négatif. Prenons quelques règles pour que vous puissiez comprendre. Lorsque les enfants commencent à atteindre leur puberté, ils ressentent des pulsions comme pour tout être humain. Seulement, voici la règle énoncée : « Attention. Ceci est un rappel. Les stimulations doivent être signalées afin que le traitement puisse avoir lieu. » Le fameux traitement étant une pilule magique permettant de ne plus avoir de pulsion, donc pas de rapport : ni de plaisir, ni d’enfant. Ni intimité par ailleurs puisque chaque matin, toute la famille doit raconter leurs rêves, et chaque soir les émotions qu’ils ont pu ressentir dans la journée. J’espère vous avoir éclairé sur l’univers très prenant de ce roman. Et l’univers est tellement plus riche que ça..
Ce livre, s’il n’est pas particulièrement exceptionnel grâce à sa narration ou à ses personnages, l’est par rapport aux sentiments que j’ai pu ressentir en le lisant. J’ai à la fois senti de l’indignation, de l’incompréhension mais aussi de l’étonnement, de la colère, de la frustration. Ce roman est vraiment prenant et il est difficile de ne pas en vouloir plus.
La société que nous crée Lois Lowry est particulièrement intéressante de par son fonctionnement que j’ai trouvé presque normal à première vue. Personne ne semble souffrir de cet univers dérangeant. Mais je ne veux vraiment pas en dire trop, car je tiens à vous encourager à le lire. 

            Ce roman doit être lu, je pense, parce que c’est tout une réflexion sur le monde et sur l’Homme qu’il détient. Comme le disait George Orwell, s’il écrit de la fiction, c’est pour mieux parler de la vérité de la réalité. Et… j’ai eu l’impression d’avoir mon explication concernant la construction de cet univers.
Contrairement à 1984 où le narrateur à quasiment quarante ans, ici Jonas en a douze. Et j’ai trouvé ça extrêmement intéressant de n’avoir ni un point de vue adulte ni un point de vue « adolescent de seize ans super puissant qui va changer le monde ». Ici Jonas en a douze, et a pour maître un homme est bien trop vieux pour avoir un âge. J’ai trouvé ce point de vue pertinent, différent, et valorisant pour le roman.
Je pourrai longtemps vous parler de ces deux œuvres qui m’ont beaucoup fait réfléchir ces derniers temps. Elles m’ont toutes deux marqué, et si vous souhaitez que je vous parle un peu plus du monde de 1984 ainsi que celui du Passeur, ce sera avec grand plaisir.
Ce roman me semble-t-il fait partie d’une saga. Je n’ai pas trop compris le fonctionnement de celle-ci puisqu’en lisant les résumés je n’ai pas l’impression d’avoir une suite chronologique mais plutôt des mondes parallèles. D’après ce que j’ai compris, ça se suit bien. Mais tout n’est pas très clair pour moi et j’aurai des difficultés à vous renseigner sur le sujet tant que je ne l’aurai pas lue.


            En attendant, il n’y a pas de doute que ce roman peut tous vous intéresser si on s’y penche un peu. Beaucoup de personnes sur la blogosphère sont friands de dystopies, et je pense que celle-ci est un must read, un incontournable à lire si vous faites partie de ces personnes. De plus, d’autres personnes sont fatiguées de lire toujours la même chose, et je pense que ce roman vous permettra de découvrir un aspect très intéressant de la littérature. Enfin, si vous ne faites partie ni du premier, ni du second groupe, je ne doute absolument pas et je suis sûre que vous pourriez l’apprécier d’autant plus !

3 commentaires:

  1. Ta chronique me donne trooop envie !!! Il faut vraiment que je le lise !

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  2. Oh, je connaissais pas la couverture du grand format, elle est super jolie je trouve ! Ca me donnerait presque envie de craquer et de me l'acheter, même si je l'ai déjà lu plusieurs fois au collège et au lycée (et j'avais adoré à chaque fois, c'est vraiment une superbe histoire)

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