DANS LES FORÊTS DE SIBÉRIE, Sylvain Tesson

jeudi 18 février 2016

 

Après avoir découvert la littérature de voyage en août dernier avec Wild de Cheryl Strayed, me voilà en train de réitérer l'expérience avec un environnement parfaitement adapté à notre saison hivernale, la Sibérie.

« Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »

Je crois que le bonheur de ma lecture réside dans de nombreux points. Le premier est ce qui m'a poussé à lire ce livre. Ces derniers temps, je remets beaucoup en question la notion de pile à lire. Et notamment parce que dans la mienne, plus rien ne me tentait. Je suis donc allée à la médiathèque et j'ai décidé de flâner entre les rayons jusqu'à tomber sur un livre qui me tentait beaucoup. Évidemment je suis allée vers les récits de voyage, genre que j'aimerais découvrir un peu plus. Dans les forêts de Sibérie était posé, là. Je l'ai pris et aussitôt entamé. Le premier plaisir de lecture réside donc dans le fait d'avoir lu un livre immédiatement après l'avoir pris. Et quel bonheur !

J'aime énormément cette écriture biographique qui prend vie à travers un carnet de voyage. Sylvain Tesson fait l'expérience un peu folle de partir seul loin de tout et surtout loin de toutes nos petites habitudes occidentales. À travers ses mots on y découvre un partie du monde que l'on ne connaît pas nécessairement, les paysages se forment sous ses descriptions et à peine le livre ouvert nous voilà déjà à des milliers de kilomètres. Le voyage qu'il effectue nous offre l'immense chance de découvrir le lac Baïkal à ses côtés, d'essayer de comprendre ce que cela fait de vivre sous -40 °C. Son récit est touchant, beau. Petit à petit la beauté des jours grandit de plus en plus à la venue des beaux jours. C'était un plaisir d'imaginer ne serait-ce qu'un instant la cabane où l'auteur a passé plusieurs mois. 

La beauté de ce récit réside également dans ses mots, ses phrases et leur poésie qui revient régulièrement. L'auteur se fait explorateur, ermite et poète en associant ces mots qui forment au final un récit immersif et passionnant. 
L'auteur pique aussi son livre de réflexions, de petites pensées qui font sourire, grimacer et réfléchir. Ce livre n'offre pas seulement l'évasion ou la découverte mais aussi la réflexion sur le monde qui nous entoure, sur nos habitudes de consommations et notre manière de vivre. En lisant ce roman on est pris par le désir de se poser de nouvelles questions, d'altérer notre quotidien pour avoir nous aussi droit à cette petite part de liberté. 

  Dans les forêts de Sibérie est une ôde à la vie, à la littérature et aux mots. Sylvain Tesson, accompagné de ses romans, son thé / vodka, et ses deux chiens, nous permet de prendre part à son petit bout de voyage. 

Alors que je pouvais avoir des préjugés sur ce genre de littérature, je ne me suis en rien ennuyée. Au contraire, la langueur du récit semble nous bercer. C'est une véritable bulle hors du quotidien qui se forme autour de vous. 
Lire Dans les forêts de Sibérie, c'est prendre le risque de ne plus vouloir aller en ville le samedi après-midi, c'est prendre le risque d'être plus exaspéré par le monde qui vibre autour de vous, mais c'est aussi prendre le risque d'aspirer à une vie meilleure, prendre le risque de vouloir partir se balader en forêt dans les heures qui suivent. Lire ce récit, c'est tout simplement prendre le risque de jeter un regard neuf sur notre quotidien si conforté. 
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson [2011] disponible chez Gallimard NRF et chez Folio, 7.70 € / 304 pages

5 commentaires:

  1. Je te rejoins complètement sur le fait d'apprécier de lire un livre juste après l'avoir acheté :-) Je ne suis pas trop fan des grandes piles à lire non plus, j'adore aller flâner en librairie et je trouve ça hyper frustrant de ressortir sans rien acheter alors j'aime bien garder ma pal assez petite pour pouvoir le faire souvent :-P
    Tu me donnes très envie de découvrir ce livre en tout cas, ça fait un moment qu'il est dans ma wish list et ça me motive vraiment à le découvrir :-) J'ai hâte de voir quel sera le prochain livre "voyages" que tu vas nous présenter. Bises

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    1. Coucou Charlotte :)
      Oui c'était un pur bonheur ! Qu'est-ce que j'ai hâte de recommencer. J'ai aussi très envie de développer un peu plus cette idée de Pile à lire malsaine ou quelque chose dans le genre !
      Ooh et bien ça me fait super plaisir. Si jamais tu le lis j'espère que tu ne seras pas déçue alors :)
      Attention, j'ai un challenge à relever alors -^^-
      Bisous à toi aussi !

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  2. En ce moment je rêve de partir m'isoler dans une cabane loin de tout, alors forcément: ce livre me tente beaucoup!! D'autant que j'ai déjà lu un recueil de nouvelles de cet auteur que j'avais trouvé excellent (Une Vie à Coucher Dehors) et qui m'avait réconcilié avec le genre de la nouvelle.

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    1. En effet c'est le récit idéal :p
      Ce que tu dis me rassure, je n'apprécie pas spécialement les nouvelles et du coup c'est plutôt bon signe ;) Merci !

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  3. Je ne sais pas comment j'ai fait pour louper cet article... x) J'ai déjà entendu parler de cet auteur, et j'aimerais beaucoup découvrir son expérience, ce qu'il a vécu !! :) Ton avis me donne bien envie, contente que tu aies aimé^^

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