C'est l'histoire d'une petite fille très seule, autorisée par sa mère à traverser la forêt pour rendre visite à sa grand-mère. En chemin, elle croise un loup manipulateur et affamé... Joël Pommerat revisite avec talent et drôlerie Le Petit Chaperon rouge, dans une version où l'héroïne courageuse est bien décidée à tenir tête au loup.
En s'éloignant d'une morale préfabriquée, l'auteur laisse opérer toute la magie de ce conte merveilleux et cruel.
La lecture de Marion Boudier, chercheuse en arts du spectacle et dramaturge, permet d'aborder avec simplicité les audaces de mise en scène tout en éclairant les enjeux centraux que sont l'exploration du désir et l'affirmation de soi.
Difficile pour moi de passer à côté de cette pièce de théâtre lorsque je l’ai vu posée sur la table de ma librairie universitaire. Déjà, par ce que c’est un conte, celui du Petit Chaperon Rouge. J’ai toujours trouvé ce conte fascinant et je peux dire très sincèrement qu’il fait partie de mes préférés. J’aime son côté mystérieux, cette petite fille qui brave à elle seule la forêt et surtout ce loup si intrigant et attirant.
Ensuite, c’est aussi une réécriture de conte. Joël Pommerat, auteur metteur en scène ne fait pas que retranscrire le mythe si connu. Comme un comédien ou un chanteur, il le réinterprète, se l’approprie, le fait sien pour en proposer une version unique et actuelle. Enfin, c’est une pièce de théâtre et cette mention à suffit de me convaincre. Si je suis convaincue par le fait que le théâtre ne prend sens que par sa représentation, j’apprécie beaucoup le lire.
Ce qui me pousse aussi à vous parler de ce livre et sa thématique autour des conflits intergénérationnels. Le petit chaperon rouge, c’est principalement une histoire de femmes. Tout d’abord, on a la mère. Le père est absent de l’histoire, la mère travaille beaucoup et semble fréquemment absente. Elle n’a pas de temps pour elle ni pour sa fille – ou tout moins très peu. On a là l’image d’une mère moderne, seule à élever son enfant malgré un manque de temps. Fascinante, elle est aussi effrayante et crainte. D’ailleurs, lors de la représentation, la comédienne jouera à la fois la mère et le loup, un choix lourd de sens.
On a d’un autre côté la grand-mère, seule et âgée vivant de l’autre côté de la forêt. Cette grand-mère-là peut aussi se rapprocher de nombreux grands-parents qui se retrouvent souvent très seuls, loin de leurs enfants et petits-enfants. Enfin, on a la petite fille, le Petit Chaperon Rouge qui, contrairement au conte originel, n’est pas envoyée par sa mère chez sa grand-mère mais qui supplie sa maman pour rendre visite à sa mamie. Une petite fille qui s’ennuie, qui est confinée dans une maison sans vie mais où l’extérieur si actif lui est interdit… jusqu’à ce que sa mère lui laisse prendre le chemin de la forêt.
Les liens intergénérationnels sont au cœur de la pièce avec un accent mis sur le nom de chacune des femmes. On a la maman puis la maman de la maman pour désigner la mère-grand.
Un conte donc résolument moderne.
Si la pièce semble courte, elle n’en est pas moins riche et au contraire regorge de points intéressants à approfondir. Elle nous plonge dans une atmosphère si proche de celle des contes et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir Joël Pommerat ainsi que les analyses proposées par Marion Boudier à la fin du livre. Une chose est sûre, je compte continuer ma découverte de l’auteure avec la lecture de ses autres pièces elles aussi à thématique merveilleuse : Cendrillon et Pinnochio.
Source image : Marjolaine Leray
Un livre que je ne connaissais absolument pas... Ça a l'air intéressant, donc merci pour la découverte :) J'aime plutôt bien les réécritures de contes.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les réécritures de contes et je ne connaissais pas du tout celle-ci. Même si habituellement, je ne suis pas fan du théâtre, j'ai bien envie de la découvrir :)
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas, mais ta chronique m'a décidé : il rejoint ma Wish-List ;)
RépondreSupprimerCette pièce de théâtre a l'air vraiment intéressante.