Les Décharnés : Une lueur au crépuscule

mardi 26 juillet 2016


 Une journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu'une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné.

Mais le monde bascule dans l'horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang... de sang humain. S'il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l'assaillent intérieurement. 

Et si cette petite fille, qu'il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?

J’ai récemment lu un livre qui m’a particulièrement plu. Il s’agit des Décharnés de Paul Clément, un roman post-apocalyptique. J’avais déjà eu l’occasion de lire quelques pages de ce roman il y a plusieurs mois et j’avais déjà été touché par l’humour qui se dégageait du narrateur. Un air désabusé et désillusionné émanait de lui et j’avais apprécié ce caractère. Il y a quelques jours j’ai eu l’occasion de discuter avec l’auteur sur Twitter suite à une envie de post-apocalyptique. Aussitôt reçu en numérique aussitôt lu… et aussitôt adoré !
Bye bye les zombies de Chicago, d’un New-York ensanglanté ou d’un Nebraska déserté, bonjour la Provence. Oui, notre jolie Provence de France. Et je trouve que c’est déjà un point appréciable ! L’histoire prend racine aux côtés d’un homme âgé d’une cinquantaine d’années. Il habite seul au fin fond de la campagne où il est agriculteur. La solitude ça le connaît. Alors qu’il se rafraîchit en terrasse, il observe la route qui traverse ses champs. C’est l’été, il fait chaud et bien-sûr, tous les touristes sont là dans les bouchons. Une journée semblablement ordinaire jusqu’à ce mystérieux virus zombie qui transforme petit à petit les conducteurs. À partir de là, le héros, Patrick, n’a plus qu’un objectif en tête : survivre. C’est un personnage très intéressant qui me fait penser à un ours. Il a ce quelque chose de bourru, de froid qui va tout de suite se transformer lorsqu’il va faire la rencontre d’une toute jeune fille qu’il va récupérer sous son aile dans ce monde chaotique qu’ils habitent désormais. J’ai trouvé que Paul Clément avait fait un réel travail sur ses personnages qui sont attachants et tous très intéressants psychologiquement. On ne sait pas quoi attendre de chacun et j’ai trouvé ça d’autant plus passionnants.
L’immersion est elle aussi totale. L’écriture de l’auteur est extrêmement visuelle. Dès les premières lignes il parvient à nous transporter sous ce soleil de plomb dans cet air de vacances qui vous assèche. L’atmosphère est incroyablement retransmise. Elle est palpitante lorsque l’action est au rendez-vous et nous rend tout de suite mal à l’aise lorsque l’on sent les problèmes venir pour les héros. Comme on s’attache réellement à eux, on a rapidement peur de ce qui pourrait leur arriver et la plume de Paul Clément traduit très bien cette angoisse.
Il faut dire que si c’est immersif, c’est parce que le tout est très crédible. Et si c’est crédible c’est parce que l’auteur n’y va pas de main morte. Dans ce roman, on est face à une réelle violence. Les zombies ne sont pas là pour s’amuser et ça se sent. Les descriptions de l’auteur prennent forment assez aisément et avec une belle imagination on se retrouve face à une scène digne des films de zombies les plus violents. À plusieurs reprises j’ai été secouée par les scènes que je pouvais lire. Est-ce que ça m’a gêné ? Absolument pas et je dirais même au contraire. Grâce à ces scènes là le roman a vraiment pris en profondeur. On sent le danger qui est tenace et qui peut surgir à n’importe quel moment. Face à ces scènes, une simple balade en forêt est pleine de tension puisque possiblement dangereuse à n’importe quel moment. Le lecteur est en tension.
Fondamentalement, ce que j’ai aimé avec ce livre, ce n’est pas spécialement la question du zombie. D’ailleurs, l’auteur fait le choix de ne pas expliquer l’origine de cette pandémie. Les zombies sont là et jusqu’à la fin on ne saura pas pourquoi. Une fois cette question mise de côté, l’auteur se concentre sur la survie. Et c’est là que je trouve ce thème fascinant. Le narrateur va être confronté à la faim, la soif, la chaleur, l’absence de sommeil, la douleur, la perte, la peur… bref, ce genre de romans permet de mettre en exergue l’Humain et c’est ce que j’apprécie. J’aime me demander comment réagirait l’Homme si du jour au lendemain la Société le laissait tomber. C’est typiquement ce que j’ai retrouvé dans ce livre et c’est ce pourquoi il m’a tant plu.

Si vous aimez les histoires qui poussent l’être humain à ses limites physiques et morales, ce livre est fait pour vous ! Si vous aimez le post-apocalyptique, ce livre est fait pour vous ! Si vous aimez comme moi être plongé dans un roman immersif et visuel, alors vous ne serez pas déçus. Ce roman rencontre déjà un joli succès sur la toile et mon avis se rajoute aux nombreuses bonnes lectures qu’il a déjà reçues. J’espère que ces bons avis parviendront à vous convaincre de le lire et, comme moi, passer un très bon moment en sa compagnie ! 

Les Décharnés : une lueur au crépuscule de Paul Clément

5 commentaires:

  1. J'aime beaucoup le genre post-apocalyptique alors pourquoi pas ce livre... Tu donnes envie, mais par contre, j'ai peur que quelques scènes soient trop "sanglantes" :P ! A voir ;)

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    1. Hello Léna, certains passages du roman sont peut-être un peu graphiques, mais globalement ce n'est pas mon objectif de faire dans le gore outrancier et gratuit. Mais évidemment, ça reste du zombie :p

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  2. Encore une lecture qui donne envie.

    J'avais lu il y a deux ans un autre livres sur les zombies qui se passe en France. Il s'agit de "l'évangile cannibale" de Fabien Clavel. Ça se passe en région parisienne et met en scène des personnes âgées en maison de retraite qui doivent survivre. Autant te dire qu'ils ne sont pas très rapides en fauteuil roulant. C'était un roman à la fois psychologiquement intense et avec de l'humour grinçant. J'avais pas mal aimé.

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    1. J'avais bien aimé aussi L'évangile Cannibale (même si certains passages étaient très dérangeants), mais ce n'est pas le même genre de livre. Fabien fait plus dans l'humour noir, cynique et parfois sinistre. Avec Les Décharnés, comme le dit Cassandra, j'ai davantage essayé de faire dans le réaliste et l'immersif. Une autre façon de se servir des zombies :)

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  3. je n'arrête pas de voir ce livre passer sur les réseaux et j'avoue qu'il me tente beaucoup!!

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